Série de photographies numériques, impression jet d’encre sur papier Arches,
20 x 30 cm





Cette série rassemble des photographies issues du calibrage de la balance des blancs d’un appareil photo numérique. Ce réglage consiste à capturer une surface reconnue comme blanche servant de référence pour calibrer les couleurs d’une photo suivante.
Par analogie avec le langage musical, où un silence marque une suspension dans le flux sonore — ces suspensions qui rythment la partition autant que les notes — ces prises de vues de « blancs » fonctionnent comme des intervalles visuels, des pauses, des espaces vacants.
Généralement exclues du champ de l’image — parce qu’elles appartiennent au domaine du provisoire, de l’outil, du jetable — elles sont ici extraites de l’invisible pour être données à voir. G.Didi-Huberman les qualifierait de fragments périphériques, destinés à rester hors-champ, mais porteurs d’une mémoire latente.
Le processus, séquentiel et infini, fait de chaque photographie l’étalon de la suivante : l’appareil ajuste sa mémoire chromatique en fonction de l’image précédente. Comme dans la logique de l’empreinte , chaque prise dépend de la précédente, tout en la réinterrogeant. Le passé, silencieux, se dépose ainsi sur le présent, l’influence et le modèle.
Ces « portraits de paysages », réalisés au gré de déplacements, sont des porteurs muets : chacun contient en creux la mémoire accumulée de tous ceux qui l’ont précédé. Une archéologie de l’image minimale, où la trace du geste technique devient écriture et temporalité.